la coupure de presse 100% objective d'Olivier Appollodorus





la coupure de presse 100 % objective d'Olivier Appolodorus, 
pour le cas où vous hésiteriez encore à lire le Mur de Pan.


Le mur de pan est un ovni : ce n'est sûrement pas de l'heroic fantasy, c'est juste une sorte de long poème graphique, une prose poétique comme si Cendrars racontait le nautilus. Mouchel a une imagination incroyable, un sens du dialogue très rare en bd, un humour distancié qui ravit.
Après on s'en fout que l'histoire se perde un peu : nous sommes dans l'espace de la poésie, du rêve éveillé, le sens global n'a plus trop d'importance.
Mouchel, c'est un peu l'esprit de Forest : un sens du merveilleux et du récit très loin des normes en vigueur.
C'est l'anti Crisse par excellence ! Crisse est rempli d'une bonne grosse vulgarité immonde, avec des ignobles couleurs criardes, des nanas impossibles en maillot de bain rose fluo en plastique qui donnent des coups d'épée (de cristal ! ah ah! quelle idée de merde) à des monstres marshmallows. Mouchel, tout seul dans son coin, loin de toutes les modes cheap qui secouent la bd, relit Dumas et Vernes, Forest et Giraud (pour l'univers pensé). Son dessin tout petit en lavis donne pas trop envie au début et s'avère magnifique à la lecture, comme des petites estampes toutes jolies.
Le mur de Pan ne ressemble à rien de ce qui s'est fait en bd, Mouchel a mauvais caractère parait-il, et son insuccès commercial n'arrange rien. J'espère qu'il n'est pas perdu pour la bd, parce que lire Le mur de Pan a été LE grand choc, la vraie surprise de ces 10 dernières années. On va le redécouvrir dans 30 ans, cet album : soyez pas con, lisez le maintenant, confiez le solennellement à votre fils qu'il puisse dire à ce moment là : "Mon père savait, il faisait partie des happy few qui avaient reconnu le génie de Mouchel. Mon exemplaire 1ere édition, annoté par mon père est à vendre pour une somme ridicule".
Putain, lisez tous "Le mur de Pan", je n'ai pas d'actions chez Delcourt, et je ne connais Mouchel ni des lèvres ni des dents. C'est simplement un très bel album, un joyau comme la BD de chez nous n'en produit que trop rarement.

Olivier Appolodorus